lundi 17 février 2014

2ème Conférence sur l'impact humanitaire des armes nucléaires : Conclusions

Traduction non-officielle : AFCDRP – Maires pour la Paix France

 − Compte-rendu du Président − 

Des délégations, représentant 146 États, les Nations Unies, le Comité International de la Croix-Rouge, le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et les organisations de la société civile ,ont participé à la deuxième Conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires qui s’est déroulée à Nayarit (Mexique) les 13 et 14 février 2014, pour discuter des conséquences mondiales et à long terme de toute explosion nucléaire, accidentelle ou délibérée, à partir de la perspective et des préoccupations de la société du 21ème siècle, en incluant entre autres des domaines tels que la santé publique, l’aide humanitaire, l’économie, les problématiques liées au développement et à l’environnement, le changement climatique, la sécurité alimentaire et la gestion des risques.


Du point de vue du président, la participation large et active des États et de la société civile reflète l’inquiétude mondiale concernant les effets des armes nucléaires ainsi que la prise de conscience grandissante qu’il s’agit d’un sujet de la plus grande importance pour tous les peuples du monde.

La Conférence de Nayarit exprime sa gratitude pour la participation des victimes et survivants des attaques d’Hiroshima et de Nagasaki.

La Conférence de Nayarit a réussi à présenter une approche fondée sur des faits pour faciliter une discussion informée sur ces effets. Quelques conclusions-clés peuvent être extraites des discussions et présentations :

• Les effets de la détonation d’une arme nucléaire ne sont pas circonscrits aux frontières territoriales – c’est par conséquent une source de forte préoccupation partagée par tous.

• Au-delà des morts et destructions immédiates causées par la détonation, le développement socio-économique sera entravé et l’environnement détruit. Les souffrances seront généralisées, les pauvres et vulnérables étant ceux qui seront le plus gravement touchés.

• La reconstruction des infrastructures, le rétablissement des activités économiques et commerciales, des communications, des infrastructures médicales et des écoles prendrait plusieurs décennies, provoquant des dégâts sociaux et politiques graves.

• L’exposition aux radiations donnerait lieu à des effets néfastes sur le court et le long terme dans chacun des organes du corps humain et augmenterait le risque de cancer et de futures pathologies héréditaires.

• Aujourd’hui, le risque d’utilisation d’une arme nucléaire augmente globalement, conséquence directe de la prolifération, de la vulnérabilité des réseaux de commande et de contrôle aux attaques cybernétiques et à l’erreur humaine, et à l’accès potentiel aux armes nucléaires par des acteurs non-étatiques, en particulier des groupes terroristes.

• Comme plus de pays déploient plus d’armes nucléaires à de plus haut niveaux de préparation au combat, les risques d’utilisation accidentelle, par erreur, sans autorisation ou intentionnelle de ces armes augmente de façon significative.

• C’est un fait qu’aucun État ni organisation internationale n’a les capacités de faire face ou de fournir à court et long terme l’aide humanitaire et la protection nécessaires en cas d’explosion d’une arme nucléaire. De plus, il serait impossible de mettre en place de telles capacités, même si l’on essayait.

Comme la Conférence de Nayarit est une conférence de suivi de la première Conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires (Oslo, mars 2013), ces conclusions s’appuient sur celles atteintes à Oslo.

La vaste étendue des dommages et des impacts néfastes en cas d’explosion nucléaire, ainsi que les ressources immenses consacrées à entretenir et moderniser les arsenaux nucléaires font que la simple existence de ces armes est absurde, questionne les arguments en leur faveur et, en fin de compte, est tout simplement contraire à la dignité humaine.

C’est le sentiment du président que la prise de conscience de l’impact humanitaire des armes nucléaires fait déjà changer dans le monde entier les mentalités de ceux qui s’impliquent dans les discussions concernant ces armes.

Des actions, telles que l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires comme élément central du régime international de désarmement nucléaire et de non-prolifération et l’obtention d’un résultat complet lors de la Conférence d’examen du Traité de non-prolifération (TNP) 2015, couplées avec les discussions sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, sont des processus qui se renforcent mutuellement.

Lorsqu’il s’agit de l’élimination totale des armes nucléaires, aucun effort n’est négligeable. Dans cette optique, de nombreuses délégations ont souligné l’impulsion positive donnée par la réunion de haut niveau de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur le désarmement nucléaire organisée en 2013.

Le président exprime sa profonde gratitude envers la société civile pour son implication et son apport à la Conférence de Nayarit, et appelle tous les gouvernements à forger des partenariats multisectoriels nouveaux et renouvelés avec celle-ci afin de travailler en faveur d’objectifs mutuellement bénéfiques.

Le président accueille très favorablement l’offre autrichienne d’organiser la troisième Conférence sur l’impact humanitaire des armes nucléaires. Cette offre de suivi d’Oslo et de Nayarit a reçu un important soutien des participants, afin de renforcer cette dynamique, faire s’ancrer ces conclusions et les faire avancer. Comme cela a été dit par de nombreuses délégations, la Conférence réitère son invitation à participer à la troisième conférence en Autriche aux États dotés d’armes nucléaires et aux États non-parties au TNP.

En faisant cela, nous devons prendre en compte que, dans le passé, des armes ont été éliminées après avoir été interdites. Nous croyons que c’est le chemin à suivre pour parvenir à un monde sans armes nucléaires.

De notre point de vue, ceci est cohérent avec nos obligations en matière de droit international, y compris ceux découlant du TNP ainsi qu’à l’Article 1 commun aux Conventions de Genève.

Les discussions représentatives et détaillées sur l’impact humanitaire des armes nucléaires devraient mener à l’engagement des États et de la société civile à atteindre de nouveaux standards et normes internationaux à travers un instrument légalement contraignant.

Il s’agit de l’opinion du président que la Conférence de Nayarit a montré que le moment était venu de commencer un processus diplomatique propice à ce but. Nous pensons que ce processus devrait comprendre un calendrier spécifique, la définition du forum le plus approprié et un cadre de travail clair et substantiel, faisant de l’impact humanitaire des armes nucléaires l’essence des efforts de désarmement.

C’est le moment d’agir. Le 70ème anniversaire des attaques d’Hiroshima et de Nagasaki est l’étape appropriée pour parvenir à notre objectif. Nayarit est un point de non-retour.

Nayarit, Mexique, 14 février 2014.

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