Par Daniel Fontaine, Président de l’AFCDRP, Maire d’Aubagne, Vice-président du Conseil Général des Bouches-du-Rhône.
Mayors for Peace vient d’atteindre un objectif symbolique. Plus de 5 000 villes dans 151 pays sont désormais membres de ce qui est incontestablement le plus grand regroupement de collectivités territoriales au monde. La croissance de notre association mère est le fait de toutes les régions du globe, et singulièrement de villes étasuniennes encouragées à aller dans ce sens par Ban Ki-moon, dans son intervention à la réunion annuelle de la Conférence des maires américains (Baltimore, 19 juin 2011). A cette occasion, il a rappelé l’importance de l’appui très significatif que lui apportent les villes de paix du monde pour promouvoir son plan d’élimination en cinq points des arsenaux nucléaires, plan que nous avions, AFCDRP, soutenu à l’ONU en mai 2010. Cette expansion de Mayors for Peace doit nous encourager, maires français pour la paix, à travailler à la croissance de notre réseau national. Notre positionnement, dans un pays détenteur de l’arme nucléaire, a forcément une signification différente, une audience particulière : il se heurte à la doctrine officielle, et aux atermoiements de notre gouvernement, voire à ses reculs alors qu’il est tenu par le traité de non-prolifération et d’élimination depuis 1970. Pour autant, il ne s’agit pas d’un combat d’arrière garde, bien au contraire. L’hypothèque nucléaire doit être levée pour l’ensemble de l’humanité, et très vite, car les zones de turbulences dans lesquelles nous évoluons sont suffisamment incertaines pour faire le pari de la raison plutôt que celui d’un statu quo de plus en plus intenable.
Faire entrer, en France, la question de la dissuasion nucléaire dans le débat démocratique est l’une de nos ambitions. Alors même qu’un quart du budget de la défense est consacré à la dissuasion nucléaire, nous demanderons aux candidats à l’élection présidentielle quelles sont leurs ambitions dans ce domaine : il faut que sur cette question également, les citoyens puissent se prononcer en connaissance de cause. Nous avions fait une démarche du même type en 2007, nous espérons que les candidat(e)s à nous répondre soient plus nombreux qu’ils ne l’ont été cette année-là.
La dimension qu’a prise Mayors for Peace en seulement quelques années montre bien qu’il s’agit, avec le nucléaire militaire, d’une question philosophique et morale universelle, face à laquelle tous les êtres humains sont sur plan d’une stricte égalité : nous serons tous dans le camp des perdants en cas de conflit nucléaire.
5 000 villes dans le monde, représentant plus d’un milliard d’habitants, soit la population totale de la terre au milieu du XIXème siècle, se sont prononcées clairement pour la fin de la menace nucléaire. Faudra-t-il attendre que la totalité des êtres humains s’exprime sur ce sujet pour enfin contrebalancer la pensée de quelques uns, militaires, industriels, stratèges, chefs d’états qui persistent dans leur analyse selon laquelle la destruction de la vie serait une option envisageable ?