Par Jean-Marie Collin, expert indépendant et chargé de campagne pour l'AFCDRP/Maires pour la Paix.
Sans conteste, cette conférence intergouvernementale a été un succès et ouvre la voie à une nouvelle façon d’aborder la mise en œuvre d’un monde sans armes nucléaires.
La réussite tient d’abord dans la forme. En effet, la présence de 127 États (de tous les continents), de deux puissances nucléaires (Inde et Pakistan), de 24 des 28 membre de l’OTAN, qui est une alliance militaire nucléaire, et de plus de 30 pays africains, plus soumis aux problématiques des armes légères, montre à quel point ces pays ont décidé de s’emparer de ce sujet. D’autre part, normalement écartée voire considérée comme un trublion, la société civile a été pleinement intégrée au débat. Regroupée derrière la campagne ICAN (pour International Campaign to Abolish Nuclear Weapons) son expertise a été fortement sollicitée et appréciée par l’ensemble des États.
Sur le fond, les États auront eu durant deux jours complets une présentation des conséquences de l’impact humanitaire immédiat d'une détonation d'arme nucléaire, des conséquences larges (la notion d‘absence de frontière a été mise en avant) et à très long terme (hiver nucléaire) de cette catastrophe. La principale conclusion peut se résumer à la déclaration de Peter Maurer, Président du CICR : « Dans le cas des armes nucléaires, la prévention – notamment à travers l’élaboration d’un traité juridiquement contraignant visant à proscrire et à éliminer ces armes – représente la seule voie d’avenir possible. » En effet, aucun moyen de prévention des catastrophes ne pourra subvenir ou être prêt pour faire face à un tel cataclysme issu d’une guerre ou d’un accident nucléaire militaire.
On peut déplorer le fait que les 5 puissances nucléaires officielles n’étaient pas présentes. Celles-ci prétextant que cette conférence ne pouvait avoir lieu en dehors du cadre onusien, voire même qu’elle contrevenait au plan d’action décidé en 2010 (document final du TNP) d’un processus de désarmement étape par étape. Pour ainsi dire, le P5 voit dans la mise en place de cette conférence une menace au désarmement nucléaire….
Le pire est donc arrivé pour le P5, car cette conférence d’Oslo – pour le plus grand bonheur de la société civile- aura une suite. Le Mexique a en effet annoncé vouloir accueillir une telle conférence et prolonger ainsi les débats et réflexions, sans doute avant la fin de l’année 2013.
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