Par Michel CIBOT, délégué général de l’AFCDRP/Maires pour la Paix France. Tribune publiée le 6 août 2013 dans le journal L'Humanité.
Du 3 au 6 août se tient au
Japon, à Hiroshima, ville symbole s’il en est, la 8e Conférence générale
de Maires pour la Paix. Ce réseau compte aujourd’hui plus de 5 600
villes et collectivités territoriales dans 157 pays et sa progression se
poursuit.
Notre pays est représenté
par l’Association Française des Communes, Départements et Régions pour
la Paix (AFCDRP-Maires pour la Paix France). Quinze maires, maires
adjoints et délégués associatifs prennent part aux travaux organisés par
les villes d’Hiroshima et de Nagasaki. Cette année, les débats
s’organisent autour de deux grands axes : l’état des négociations
internationales pour le désarmement nucléaire et le développement du
réseau et les nécessaires mesures organisationnelles qui en découlent.
S’agissant du premier point, les États-Unis et la Russie ont fait
quelques pas positifs en annonçant la réduction de leurs arsenaux. La
France pourrait prendre des initiatives diplomatiques qui la
grandiraient. Elle le fera un jour, peut-être pas si lointain. Car, si
les citoyens français ne semblent pas considérer cette question comme
une priorité aujourd’hui, nous devons mesurer le sens de l’accueil
toujours positif réservé aux travaux des villes impliquées dans le
réseau. Ils comprennent de moins en moins que nous puissions parler de
protection des droits de l’homme et de l’environnement sans dire un mot
de la menace des armes nucléaires.
La défiance des citoyens à l’égard
des politiques vient à coup sûr, pour partie, de ce déni de réalité, ce
refus de nos responsables d’analyser lucidement le danger et leur
propension à persévérer dans des discours obsolètes. Paul Quilès, ancien
ministre de la Défense, ne dit pas autre chose dans son dernier ouvrage
écrit avec le général Norlain et le spécialiste en stratégie Jean-Marie
Collin : Arrêtez la bombe ! publié au Cherche Midi éditeur. Le soutien apporté par le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) va dans le même sens.
La conférence d’Hiroshima ne
s’égare pas en incantations plus ou moins approximatives. Les
dimensions stratégiques, économiques, sociales et humaines font partie
des débats. Les 5 600 membres du réseau sont invités à entreprendre
toutes sortes de travaux et initiatives, adaptés à leurs réalités
locales, pour promouvoir une culture de la paix et du désarmement et
contribuer ainsi à la réalisation des objectifs du millénaire définis
par les États membres des Nations Unies… dont notre pays fait partie.
Cet engagement pour la
paix est aussi conçu comme une condition du respect de la dignité
humaine, car la menace de destruction totale et de prolifération
généralisée des armes nucléaires est incompatible avec cette aspiration
que nous partageons tous, comme Nelson Mandela nous l’a enseigné. Enfin,
l’action des collectivités territoriales pour une culture de la paix a
fait ses preuves comme moyen de donner sens et vigueur aux politiques
publiques locales, dans tous les domaines.
À Hiroshima, la délégation
française s’associe aux centaines de milliers de Japonais réunis ce 6
août, jour anniversaire du premier bombardement atomique de l’histoire
humaine, pour un hommage toujours massivement soutenu d’année en année.
Ce soir, ils seront des milliers à se recueillir au Parc de la paix,
pour une très impressionnante et émouvante cérémonie des lanternes
flottant sur l’eau pour rappeler que, le soir du bombardement, ce sont
des corps qui flottaient, innombrables, sur la rivière.
Après la Conférence générale
de Maires pour la Paix au Japon, c’est une autre conférence consacrée
aux villes méditerranéennes qui rassemblera les membres de notre réseau
entre le 19 et le 21 septembre à Aubagne (Bouches-du-Rhône) : la
Conférence des Villes pour la Paix en Méditerranée. Élus locaux et
citoyens de 23 pays seront invités à échanger sur des politiques locales
qui soient profondément inspirées des valeurs et instruments de la
culture de la paix. Cette conférence sera suivie d’une fête de la paix
qui, cette année, prendra toute sa place dans les festivités de
Marseille capitale européenne de la culture. Trois pays, l’Espagne, la
Croatie et la France, se sont associés à travers les trois villes de
Granollers, Biograd na Moru et Aubagne pour lancer cette initiative,
avec l’AFCDRP-Maires pour la Paix France. Le programme permettra un
nouvel approfondissement de la réflexion, après la conférence
d’Hiroshima.
La culture de la paix est
désormais perçue comme un nouvel espoir, un moyen d’inventer des formes
nouvelles de citoyenneté et les nouveaux paradigmes de la « gouvernance »
invoqués de discours en discours et jamais créés faute d’un bon
diagnostic… Elle pourrait judicieusement servir des stratégies de
réconciliation des citoyens avec leurs dirigeants. Encore faudrait-il
que ces derniers acceptent, plus nombreux, de découvrir de quoi il
s’agit !
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