Texte intégral de l'intervention d'Alain Rouy, conseiller municipal de Villejuif, délégué à la Vie Associative, aux Relations Internationales et à la Culture de Paix, lors de la Rencontre internationale des syndicats de collectivités locales, le 4 mai 2010 à New York.
Un des acquis les plus importants de la dernière décennie dans les mobilisations pour la paix est l’engagement croissant des collectivités locales. Le réseau français de Mayors for Peace, l’AFCDRP, regroupe des communes, des villes, des départements et des régions dont les élus se prononcent et agissent pour le désarmement et pour la paix.
Parfois, les citoyens de nos villes posent aux élus locaux les questions suivantes : les problèmes de la paix mondiale relèvent-ils des collectivités locales ? Que pouvez-vous faire à votre niveau ? N’est-ce pas aux États d’agir et de se mettre d’accord ?
L’engagement des collectivités locales pour la paix se fonde pourtant sur de solides raisons que l’on peut résumer ainsi :
• les élus locaux ont la responsabilité de la sécurité de la population et sont donc directement concernés par les menaces de guerre, en particulier l’emploi des armes nucléaires et des armes de destruction massive qui sont des armes essentiellement dirigées vers les populations civiles
• les élus locaux jouent un rôle essentiel pour la satisfaction des besoins sociaux tels que l’éducation, la santé, la culture, le sport, l’emploi, le logement, l’environnement et ne peuvent donc rester indifférents au détournement de sommes considérables en faveur d’armements illégaux au regard du droit international ; il est de la responsabilité des élus locaux de veiller au financement des œuvres de vie au détriment des œuvres de mort
• les élus locaux sont au plus proche de la société civile et donc les plus à même à la fois d’exprimer les préoccupations des habitants de nos villes et de diffuser auprès de la population les idées de culture de paix
• les élus locaux savent que le respect de la loi et des engagements pris en commun constituent un des fondements de la démocratie, et ceci vaut aussi bien dans nos quartiers qu’au plan international ; il est donc légitime que nos concitoyens et leurs élus expriment leur exigence que soit pleinement appliqué le droit international et que soient tenus les engagements pris lors des grandes conférences internationales
• les élus locaux peuvent exercer un rôle décisif pour faire converger les efforts des organisations de la société civile, des institutions internationales et des Etats les plus impliqués dans les questions de paix et de désarmement ; le réseau international Mayors for Peace est devenu un acteur majeur de la « démocratie des villes »
Ainsi, des villes de plus en plus nombreuses sont devenues « messagères de la Paix », avec l’ambition d’être porteuses des valeurs de Culture de la Paix telle qu’elle est définie en huit points constitutifs par l’ONU et l’UNESCO ; le huitième point fait obligation à nos collectivités de « promouvoir le désarmement, la paix et la sécurité internationale ».
Pour illustrer concrètement notre engagement, qu’il me soit permis d’évoquer les multiples actions menées dans nos villes, et en particulier dans la ville dont je suis l’élu, VILLEJUIF, une ville de 50 000 habitants située à 2 km. au sud de Paris.
Le 15 mars dernier, le Conseil Municipal unanime a voté une délibération demandant au président et au gouvernement français d’agir en faveur d’une convention d’élimination des armes nucléaires lors de la conférence de révision du TNP ; ce vote est la suite d’une campagne de sensibilisation menée par des organisations pacifistes comme le Mouvement de la Paix et soutenue par l’ensemble du mouvement associatif engagé dans la célébration du 21 septembre, journée internationale de la Paix. Ces dernières semaines, on a vu sur les marchés de notre ville ou à la sortie du théâtre les soirs de spectacles des militants de la paix vêtus de noir et portant un masque blanc alerter nos concitoyens sur les dangers de l’arme nucléaire.
Un réseau local de culture de paix s’est constitué qui participe à la vie de notre ville et qui tout au long de l’année co-organise avec la municipalité des événements en relation avec la culture de la paix : campagnes de solidarité avec Haïti et avec la population de Gaza, lutte contre la peine de mort avec comme figure emblématique Mumia Abu Jamal, citoyen d’honneur de notre ville, lutte contre le racisme et toutes les formes de discrimination, fête de la paix, soirée de l’abolition de l’arme nucléaire... Nous avons le souci de placer le maximum d’activités sous le signe de la paix – qu’il s’agisse des animations de plein air pour les enfants, des événements sportifs ou de nombreuses manifestations culturelles. J’insiste sur l’interaction entre les services de la Ville et l’ensemble des associations car c’est ainsi que les idées de culture de paix peuvent irriguer en profondeur la vie de notre ville. Une nouvelle illustration de cet état d’esprit, c’est qu’aujourd’hui, indépendamment de l’élu que je suis, sont venus à New York huit citoyens de ma ville, dont deux jeunes, tous issus de la société civile et je ne doute pas qu’à leur retour, ils animeront avec encore plus d’ardeur les mobilisations en faveur de la paix.
Ce dont je viens de parler à propos de ma ville se retrouve dans de nombreuses autres collectivités locales françaises et il est important qu’à travers diverses rencontres et grâce au réseau que constitue l’AFCDRP nous puissions rester en contact, nous entraider et nous inspirer les uns les autres.
Le même souci doit nous animer au niveau international, tant il est vrai que l’engagement des collectivités locales nous permettra de « mondialiser la paix ». Du quartier à la planète, chacune de nos actions est profitable à tous – c’est cette conviction qu’il nous faut faire partager au plus grand nombre et il s’agit là d’une tâche véritablement exaltante pour les responsables locaux et pour tous les « éveilleurs de conscience » qui agissent dans nos villes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire